L’insalubrité recouvre de nombreux problèmes susceptibles de survenir dans un logement (moisissures apparentes, vermines, défauts d’isolation, plomberie défectueuse, infiltrations d’eau…) et pouvant avoir des effets néfastes sur la santé et le bien-être de ses habitants. Il s’agit de la détérioration du niveau d’entretien et de la salubrité des logements locatifs dans une partie du parc immobilier.
À Montréal, le problème de l’insalubrité est particulièrement criant. La Direction de la santé publique estime que près de 30% des ménages montréalais ont au moins un problème de salubrité dans leur logement. Par ailleurs, ce sont les locataires les plus pauvres qui sont les plus touchés par ce phénomène. Malgré un règlement municipal fort sur l’insalubrité, il n’existe pas d’application rigoureuse des mesures coercitives par les acteurs publics. De plus, l’absence de données fiables renforce le problème du manque de suivi des dossiers.
Si certains organismes publics ont tenté de dresser un portrait plus complet de la situation (Ville de Montréal, 2013) ou d’en évaluer les effets potentiels sur la santé (Directeur de santé publique de Montréal, 2015), il existe encore assez peu d’études sur le sujet. Ainsi, le peu d'attention accordée à l’insalubrité des logements en fait une réalité encore mal comprise et mal intégrée aux théories contemporaines des transformations urbaines. Face à ce constat, les groupes communautaires et chercheurs membres du CRACH ont estimé qu’il était nécessaire de développer la recherche sur ce thème.
L’axe de recherche sur l’insalubrité propose donc d’analyser l’impact de l’insalubrité des logements sur la transformation des quartiers et d’évaluer l'efficacité de l'action gouvernementale face à ce problème. Trois aspects de l’insalubrité seront plus particulièrement analysés : 1) l’étendue du phénomène dans certains secteurs de la ville, 2) l’application de la réglementation visant à y répondre et l’intervention des groupes communautaires face aux manques de l’action publique et 3) son lien avec le processus de gentrification.
Le CRACH regroupe à ce jour deux projets de recherche sur l’insalubrité. Le premier réalisé au sein de cet axe avait pour objectif de colliger les données des arrondissements et de la ville-centre sur les interventions des acteurs publics par rapport au problème de l’insalubrité. Le rapport intitulé La lutte contre l’insalubrité à Montréal en question et publié en mai 2018, souligne le problème du manque de données de la Ville de Montréal pour mesurer efficacement son action vis-à-vis de la lutte à l’insalubrité des logements. Le deuxième projet est en cours d’élaboration. Face à l'absence de donnée municipale publique sur les interventions et les mécanismes de lutte contre l’insalubrité à Montréal, cette deuxième étude vise à présenter les démarches de lutte contre l'insalubrité des différents comités logement de Montréal et à mettre en valeur les données des groupes communautaires sur cette question. L’idée est aussi d’essayer de réaliser un indicateur de risque d’insalubrité et de comparer les résultats avec les signalements pour mauvaises conditions de logement émis par les locataires dans les comités logement participants de Montréal.